Le travail au noir continue de compromettre la compétitivité et la crédibilité de l’industrie de la construction au Québec. Selon un article récent du Journal de Montréal et du Journal de Québec (Travail au noir dans la construction : plus de 26 M$ en salaire impayé l’an passé, 14 mai 2025), la Commission de la construction du Québec (CCQ) a demandé aux entreprises de verser plus de 26 millions de dollars en salaires impayés en 2024. Ces sommes ont été identifiées lors de 42 000 visites de chantiers et environ 1 300 interventions aux livres, menant à 6 278 infractions pénales, dont 6 064 directement liées au travail au noir.
Pour la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec (CEGQ), ces chiffres confirment l’ampleur d’un problème systémique qui désavantage les entreprises respectueuses des règles. « Nous dénonçons ces pratiques de tricherie. Par contre, s’il y a trop de règles, un autre moyen d’éliminer le travail au noir, c’est de faire des arrangements réglementaires pourvu que les règles soient les mêmes pour tout le monde », a déclaré Eric Côté, président-directeur général de la CEGQ.
Réprimer ne suffit pas : il faut des mesures d’équité
La CEGQ reconnaît les efforts de la CCQ pour détecter et sanctionner les contrevenants, mais souligne qu’une approche plus globale est nécessaire. « Si la CCQ est plus présente sur les chantiers, ça veut dire qu’elle va découvrir plus de choses, mais ça ne signifie pas qu’il y a nécessairement plus de travail au noir qu’avant », a ajouté M. Côté.
La CEGQ demande donc la mise en place de mesures concrètes pour faciliter la conformité, notamment en réduisant les lourdeurs administratives, tout en maintenant une application uniforme et rigoureuse des règles. L’objectif est d’assurer des conditions de concurrence équitables pour tous les acteurs de l’industrie.
Réformer l’article 54 de la loi R-20 : une correction incontournable
Par ailleurs, la CEGQ réitère la nécessité de réformer l’article 54 de la loi R-20 (Loi sur les relations du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d’œuvre dans l’industrie de la construction). Actuellement, la lettre d’état de situation émise par la CCQ, bien qu’exigée des sous-traitants, n’offre aucune protection réelle aux entrepreneurs généraux.
Ces derniers demeurent exposés à des réclamations pour des montants déjà versés, une situation profondément injuste. « Il est inacceptable que des entrepreneurs généraux soient tenus responsables de sommes qu’ils ont déjà payées à leurs sous-traitants. Cette faille législative doit être corrigée », soutient M. Côté.
Pour une industrie compétitive et intègre
La CEGQ poursuivra activement ses représentations auprès des autorités gouvernementales et des partenaires de l’industrie afin de mettre en œuvre des solutions réalistes et équitables. L’objectif demeure clair : favoriser une industrie de la construction compétitive, intègre et respectueuse des règles, au bénéfice de l’ensemble des acteurs et de l’économie du Québec.
« Lutter contre le travail au noir, c’est protéger la qualité, la sécurité et la réputation de toute notre industrie. C’est aussi défendre les entrepreneurs qui respectent les règles et créent de la richesse au Québec », conclut Eric Côté.