Président directeur-général de la Corporation des entrepreneurs généraux du Québec
Depuis que je suis à la CEGQ, c’est-à-dire huit ans déjà, les entrepreneurs n’ont jamais cessé de me parler de la difficulté qu’ils ont à se faire payer.
Lors de notre dernier congrès en février à Québec, la présidente du Conseil du trésor nous a promis un règlement contre les retards de paiement. Sonia Lebel a tenu sa parole. C’est officiel : nous avons enfin une loi et un règlement en vigueur, depuis le 7 septembre dernier.
Cette réussite, c’est le fruit d’un travail d’équipe qui aura pris 11 années d’efforts acharnés. C’est celui de la Coalition contre les retards de paiement. Jamais auparavant l’industrie n’a eu l’occasion de se serrer les coudes de la sorte.
Mais n’allez pas croire que la coalition a rangé ses outils, bien au contraire, car le travail n’est pas terminé. Le secteur municipal n’a pas encore son règlement. Nous irons à la rencontre de la nouvelle ministre des Affaires municipales. Nous avons d’ailleurs déjà commencé à en parler dans les médias, dans le journal Les Affaires en octobre.
Le défi de la relance des projets d’infrastructures
Le secteur de la construction fait face à un défi de taille à court terme : la nécessité pressante pour le gouvernement de relancer les projets d’infrastructures. Depuis plusieurs mois, les entreprises du secteur ressentent les répercussions de la situation financière précaire du gouvernement. Cette réalité se manifeste notamment par une diminution significative du nombre de nouveaux appels d’offres publiés sur le portail SEAO, ce qui inquiète de plus en plus les entrepreneurs généraux.
Le déficit d’entretien de nos infrastructures ne cesse de s’aggraver. L’absence d’action concrète a des conséquences de plus en plus visibles : chaque décision retardée concernant le maintien des actifs alourdit le fardeau financier et opérationnel futur. Ainsi, le report des travaux ne fait qu’empirer la situation et augmente les défis auxquels nous devrons faire face dans le futur.
Il est important de comprendre que, même si le gouvernement croit gagner du temps ou réaliser des économies en reportant ces travaux, ceux-ci deviendront inévitablement plus complexes et plus onéreux à l’avenir. Cette situation soulève une question légitime : aurons-nous les ressources nécessaires pour assurer le maintien de nos infrastructures collectives si les décisions cruciales ne sont pas prises dès maintenant ?
L’engagement de l’industrie face aux défis gouvernementaux
Parallèlement, les gouvernements, à tous les paliers, manifestent une préoccupation grandissante face à l’augmentation des coûts associés aux projets de construction. Cette inquiétude est partagée par notre industrie, qui comprend le dilemme auquel ceux-ci sont confrontés. Consciente de sa responsabilité, l’industrie cherche activement à se positionner comme un vecteur de solutions, particulièrement en ce qui a trait aux enjeux de coûts, de délais et de productivité. Cette volonté de collaboration illustre l’engagement du secteur à contribuer à la création de mesures efficaces, tout en respectant les réalités et les contraintes propres au gouvernement.
Il est essentiel de comprendre que l’augmentation des coûts dans le secteur de la construction, découle du poids croissant des démarches administratives et bureaucratiques imposées par divers organismes tels que la CCQ, RBQ, CNESST, AMP, Revenu Québec, ainsi que l’ensemble des exigences municipales. Celles-ci contribuent de façon significative à l’alourdissement du fardeau financier des projets. Ces obligations dépassent largement le simple cadre du permis de construction, engendrant une complexité et des coûts additionnels pour les entreprises du secteur.
La complexification des ouvrages et ses impacts
Une meilleure compréhension des augmentations requiert aussi d’examiner la complexité croissante des ouvrages demandés. Les centres sportifs et les écoles construits aujourd’hui présentent un niveau d’élaboration et de sophistication nettement supérieur à ceux érigés il y a dix ou quarante ans ; cette évolution entraîne inévitablement des coûts additionnels.
Enfin, il est pertinent de s’interroger sur la planification des travaux, qui semblent souvent réalisés simultanément, sans réelle séquence indépendante des calendriers politiques ou électoraux. Cette organisation contribue à l’augmentation des coûts et complexifie la gestion pour l’ensemble des acteurs impliqués.
Mobilisation de l’industrie pour des infrastructures pérennes
Dans cette perspective, il devient essentiel que l’ensemble de l’industrie se mobilise afin d’influencer le gouvernement à agir pour la pérennité de nos infrastructures collectives. Face aux défis croissants liés à la complexité, à la réglementation et aux nouveaux impératifs environnementaux, seule une action concertée de tous les acteurs permettra de garantir la viabilité et la qualité de nos infrastructures pour les générations à venir. Cette mobilisation commune s’impose comme une condition nécessaire pour prospérer collectivement et répondre aux enjeux organisationnels et financiers qui marquent actuellement le secteur de la construction au Québec.
